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L'architecture à l'écran: Camera

21 05 2014

Un mois sur deux, la revue romande Tracés, la Cinémathèque suisse, la Maison de l'Architecture et le collectif Le Silo explorent les liens entre architecture et cinéma. La séance du 21 mai, intitulée «Camera: Films de chambre – Figures de l’intériorité», confronte un court métrage de Jean-Claude Rousseau à Interiors (1978) de Woody Allen.


Camera : Films de chambre – Figures de l’intériorité

On considère généralement l’usage du huis clos au cinéma comme une régression quelque peu théâtrale, prétexte à des développements logorrhéiques qui ralentissent l’action et empêchent le film de déployer toute sa panoplie expressive. Pourtant, depuis l’origine du cinéma jusqu’aux expériences contemporaines d’un cinéaste comme David Cronenberg (avec, par exemple, Cosmopolis en 2012), le traitement de l’espace intérieur apparaît comme une préoccupation centrale pour nombre de réalisateurs. Les films de ce programme offrent un catalogue de figures de l’intériorité qui associent étroitement le design spatial à la composition du cadre et, en filigrane, au langage cinématographique. Woody Allen et Jean-Claude Rousseau, chacun à leur manière, placent le corps au sein d’un espace architectural (mettant en scène un ensemble « corps + chambre ») et l’inscrivent dans le même temps au sein du cadre cinématographique (composant un ensemble « corps + cadre »), lequel rend manifeste l’effet de confinement suscité par l’architecture. La « camera » renvoie ici à un double dispositif d’encadrement : la première fois sous l’espèce de la chambre, c’est-à-dire en tant qu’élément architectural ; la seconde fois comme machine d’enregistrement, la « camera obscura ». L’une et l’autre délimitent les territoires affectifs et formels du film.


Dans Interiors (1978), la décoration intérieure occupe le devant de la scène : ce sont les décors de Mel Bourne et de Daniel Robert, la scénographie des objets, que le directeur de la photographie Gordon Willis éclaire minutieusement. Les personnages semblent eux-mêmes disposés dans l’espace comme des vases sur un meuble. Quasi immuables à l’intérieur de plans fixes, ils demeurent figés, de peur de briser l’équilibre précaire de leur existence. Keep in Touch (1987) est également un film de chambre, songeur et méditatif, dans lequel les états d’âme se projettent sur le dehors. Dans les deux films, la fenêtre représente une ouverture sur le monde, c’est le lieu de rencontre du champ et du hors-champ, un point de fuite vers lequel le regard est tendu dans l’attente d’un événement possible.

Evgenia Giannouri, théoricienne du cinéma et membre du Silo


 

Comme à chaque fois, la projection sera précédée d’une mini-conférence, dans le but de mieux cerner l’intérêt et les enjeux qui se dégagent de la mise en perspective de ces deux films.


Une deuxième projection a lieu le lendemain (22 mai) à 21h, aux Cinémas du Grütli.
 / www.cinemas-du-grutli.ch



       

 

 


 

Mercredi 21 mai à 21h au Cinématographe

 

Keep in Touch de Jean-Claude Rousseau (25'), suivi de

> Interiors de Woody Allen

 

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