Avant-première au Capitole: Mary Queen of Scots de Thomas Imbach
La Cinémathèque suisse présente, en avant-première, le nouveau long métrage du lucernois Thomas Imbach, Mary, Queen of Scots, film en costumes découvert au dernier festival de Locarno. Il sera montré le mercredi 8 janvier au Capitole en présence du cinéaste.
Sortie en salles le 15 janvier en Suisse romande.
Marie et la soif d’absolu
"Marie m’a interpellé intuitivement, c’est un personnage dont je me sens proche, non pas parce qu’elle est de sang bleu, mais par sa personnalité, sa vie intérieure. Elle recherche quelque chose d’inconditionnel. Nous vivons dans un monde où l’on veille à ce qu’il y ait toujours un retour sur investissement. Cela n’intéresse pas Marie qui préfère se jeter à corps perdu dans sa passion.
En outre, je sens un lien spirituel avec l’un de mes précédents personnages, Lenz. Il succombe à ses idéaux et abandonne la partie. Mary, elle, ne plie jamais dans son combat pour la dignité et la couronne, même après vingt ans d’emprisonnement. À la fin, elle reprend encore une fois son envol sur l’échafaud dans sa robe rouge. C’est à ce moment-là que commence sa légende.
Un autre élément essentiel du film est la relation entre Marie et son Elisabeth. Je dis volontairement son Elisabeth. Il n’y a pas d’Elisabeth autonome dans le film, elle est soit une partie de Marie, soit son ombre. Dans ce sens, c’est un personnage intérieur: elle ne l’a jamais vue, et ne la connaît qu’à travers des récits et des contacts diplomatiques. Elle se sent pourtant si proche d’Elisabeth qu’elle s’est créée son propre personnage, un personnage intime, comme un combat farouche avec elle-même.
Je prends parti pour la Mary humaine. Voilà l’histoire d’une femme venue au monde en tant que reine, elle n’avait même pas six jours, et cette royauté va lui coller à la peau au point de devenir un rôle existentiel. Je ne parle pas de l’idée de droit divin, mais au fond ça a dû être la même chose que pour tous les enfants jusqu’à aujourd’hui. Nous sommes des rois quand nous venons au monde, tout-puissants dans notre imagination, et nous défendons cette toute-puissance enfantine contre la réalité, qui nous la retire. Voilà pourquoi les histoires de rois nous captivent tant, je crois."
Thomas Imbach
Thomas Imbach
Né à Lucerne en 1962, Thomas Imbach compte parmi les réalisateurs les plus intéressants de sa génération. Travaillant sur les limites entre documentaire et fiction, ainsi que sur les techniques traditionnelles du cinéma et les nouvelles technologies, on peut citer parmi ses œuvres les plus connues Well Done (1994), Ghetto (1997), Happiness Is a Warm Gun (2001), Lenz (2006), I Was a Swiss Banker (2007) ainsi que l’autobiographie fictive Day Is Done (2011). Avec Mary, Queen of Scots, il se lance pour la première fois sur la scène du cinéma de langue anglaise. En 2007, il a fondé avec Andrea Štaka la société Okofilm Productions, à Zurich, dont l’objectif est de produire des films indépendants et exigeants sur le plan artistique en vue d’une exploitation cinématographique internationale.
Mercredi 8 janvier à 19h30 au Capitole
> Mary, Queen of Scots de Thomas Imbach