Le réalisateur des Petites Fugues est de retour avec un documentaire tourné en immersion dans une école du Val-de-Ruz et primé au dernier Festival de Locarno. Accompagné des protagonistes du film, le cinéaste vaudois viendra le présenter le mardi 19 novembre au Capitole.

Sortie en salles le 20 novembre en Suisse romande

Montrer le meilleur pour dénoncer le pire
Si le passé de Derrière-Pertuis est riche en enseignements, je n’avais pas l’intention de réaliser un film historique, ni de procéder à l’évocation nostalgique d’une réalité révolue. Ma démarche se voulait ancrée dans le présent et tournée vers l’avenir.
Je garde un souvenir sinistre de l’école primaire de mon village (1950-1960) et mon fils a achevé un parcours scolaire qu’il a trouvé insipide. J’ai souvent vitupéré contre la médiocrité de l’enseignement primaire: absence de charisme de certains enseignants, manque d’ouverture sur la société et les aspirations des élèves, bourrage abrutissant de connaissances… Quant à l’Instruction publique – notamment dans le Canton de Vaud – elle me semblait engluée dans la pesanteur administrative, empêtrée dans le chaos des réformes permanentes, paralysée par la politisation des enjeux pédagogiques.
Pourtant, un sujet aussi complexe et délicat que la formation primaire imposait une approche nuancée. C’est pourquoi j’ai choisi d’éviter la forme de l’enquête, la controverse, le jugement spéculatif ou dualiste. D’une part, je ne détiens aucune solution miracle, et d’autre part mon propos n’était pas de cataloguer les «bons» ou les «mauvais» établissements scolaires. J’ai adopté une posture critique opérant de façon indirecte: implicitement, montrer le meilleur pour dénoncer le pire.
L'objet de notre propos était la transmission du savoir: les modalités d'un échange, d'un partage de connaissances. Il ne s'agissait ni du portrait du maître, ni d'un essai sur le comportement des enfants.
En évoquant concrètement une réalité complexe et sensible, je souhaitais offrir au spectateur le loisir de s'abandonner à l'émotion et à son empathie pour les protagonistes, le loisir de développer son propre jugement.
Yves Yersin

Yves Yersin
Né 1942 à Lausanne, Yves Yersin étudie entre 1959 et 1961 à l'Ecole de photographie de Vevey. Il se spécialise en photographie de publicité et réalise des reportages en Europe. En 1964, il suit une formation de cameraman auprès de Rolf Seeger et devient stagiaire en scénographie à l'Exposition nationale à Lausanne. A partir de cette année-là, il travaille comme réalisateur, scénographe, monteur, cameraman et producteur indépendant. Il réalise de nombreux films de cinéma et de télévision. Son long métrage de fiction Les Petites Fugues est présenté en sélection Un Certain Regard à Cannes en 1980 et reçoit le Prix pour le meilleur acteur (Michel Robin dans le rôle de Pipe) à Locarno. Il est aujourd’hui encore un des plus grands succès du cinéma suisse avec 520'000 entrées dans les salles helvétiques et plus de 1 million de spectateurs dans le monde.


        

Mardi 19 novembre à 20h au Capitole

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