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Les films du Rassemblement jurassien 1949-1982

Un fonds exceptionnel

Initiates file downloadRoland Cosandey, Les films du Rassemblement jurassien - Façon de voir, manière de faire, 2014, 62 p., pdf

Initiates file download[Luc Gueniat], Rassemblement jurassien. Catalogue des films, s.l., s. d. [1981 ?], 5 p., pdf

 

Présentation

En février 2013, le Musée jurassien d’art et d’histoire (Delémont) déposait à la Cinémathèque suisse, pour en assurer la préservation dans les meilleures conditions, un ensemble sans pareil en Suisse, à notre connaissance, par son ampleur et sa durée: le fonds des films du Rassemblement jurassien (RJ). Le musée avait reçu ce fonds en 2004 comme don du Mouvement autonomiste jurassien et de Luc Gueniat, qui en avait établi une première liste une vingtaine d’années auparavant.
Réalisée entre 1949 et 1982, ces quelque vingt heures d’images documentent aujourd’hui le mouvement qui mena de l’action séparatiste de l’immédiat après-guerre aux premières années du 23ème canton suisse, la République et Canton du Jura, institué en 1978.

Quatre activistes de la cause jurassienne collaborèrent ou se succédèrent à la réalisation de quelque cinquante films en 16 mm : les frères Maurice et Georges Enard, Max Meury, pour les années 1949-1964, Luc Gueniat de 1965 à 1982, ce dernier poursuivant cette activité en vidéo Betacam jusqu’en 1996.
Financés par le Rassemblement jurassien, réalisés bénévolement dans le cadre d’une activité militante, ces films oscillent entre quatre et quarante-cinq minutes pour une moyenne d’une vingtaine de minutes environ, soit une durée qui en permettait la diffusion dans le cadre des séances de section et des réunions publiques du RJ, en général en clôture de soirée.

Depuis quelques années, ils étaient consultables en transferts vidéo (vhs, dvd), mais en rejoignant les locaux de conservation de la Cinémathèque les originaux sur pellicule entamaient en 2013 une étape nouvelle de leur transmission, celle de la préservation archivistique, qui devrait être accompagnée d’une saisie catalographique effectuée dans les règles de l’art.

Il se trouve que leur mise au jour et leur première analyse avaient précédé ce moment. En août 2013, les éditions Antipodes publiaient un mémoire de maîtrise défendu en 2010 à l’Université de Lausanne par Stéphanie Chouleur, Les Fêtes du peuple jurassien - Films amateurs et séparatistes (1949-1982), suivi en décembre, à la même enseigne, par un dvd, Luc Gueniat, Les Fêtes du peuple jurassien (Extraits) et la mise à disposition de ses films sur l’internet.

Nous avons fait de ces deux publications conjointes l’objet et le prétexte des considérations développées dans ce dossier de Documents de cinéma. Mémoire universitaire rendu public par son édition, l’étude de Chouleur s’expose naturellement à la lecture critique. Nous faisons la recension de l’ouvrage et du vidéogramme qui l’accompagne en nous interrogeant sur la manière dont y sont appliqués certains principes de la recherche propre au domaine de l’histoire du cinéma, mais aussi de l’historiographie en général, et comment a été abordée l’édition des sources audiovisuelles qui figuraient en annexe du mémoire.

D’autre part, la découverte d’une source filmique étudiée pour la première fois dans ce mémoire, nous a entraîné à quelques mises au point au-delà du champ délimité par l’auteure, qui se concentre plus particulièrement sur la manifestation la plus rassembleuse de la période retenue, la Fête du peuple jurassien.

Nos observations peuvent être lues selon différentes perspectives. Le dossier se présente comme une étude préliminaire au catalogage du fonds par la Cinémathèque, qui produira enfin l’indispensable connaissance matérielle des films. Il constitue aussi une introduction aux sources audiovisuelles d’une période cruciale de l’histoire contemporaine du Jura.
D’un point de vue plus général, ces pages se veulent très pragmatiquement la démonstration d’une manière de faire, selon laquelle l’approche des sources audiovisuelles relève des mêmes exigences, adaptées à son objet, que le traitement historique de toute autre source. Rappeler cette dimension méthodologique nous paraît d’autant plus nécessaire qu’elle ne figure guère dans les formations données actuellement dans les filières universitaires historiques ou cinématographiques.

Précisons que les propos développés ici, comme dans chaque dossier de Documents de cinéma, n’engagent que leur auteur.

 

Roland Cosandey, juin 2014