Tempête sur la Sarraz, 1929
Un tournage vu par Zénobel
« Tempête sur La Sarraz » est le titre apocryphe de la pochade tournée par les congressistes du 1er CICI, au château de La Sarraz (Vaud), durant leur bref séjour de cinq jours (du 3 au 7 septembre 1929). Déposés à la Cinémathèque suisse, ces documents proviennent de Jean-Marie Pilet, ancien président de la Maison des Artistes fondée par Mme de Mandrot.
Pierre Zénobel photographia l’équipe, sa Debrie 35mm, son réflecteur, les acteurs improvisés et quelques scènes probables. Quant au film, dont certains ont affirmé qu’il n’aurait pas été vraiment tourné, il est considéré comme disparu.
Pierre Zénobel
Formé à l’Ecole des arts industriels de Genève, familier du Château de La Sarraz – il est membre du Groupe de La Sarraz depuis 1927 - , le décorateur et graphiste Pierre Zénobel (1905 - 1996) est un proche de Mme de Mandrot.
Installé à Paris dès 1925, il y crée notamment des affiches.
Nous avons emprunté à L’Histoire par l’image, site français de service public gratuit (www.histoire-image.org), une affiche conçue par Zénobel en 1932 pour la campagne électorale de la Section française de l’Internationale ouvrière, « Du travail et du pain ».
Notice du Musée de la publicité, Paris
Pierre Zénobel (1905 – 1996)
Membre de l'Union des artistes modernes, cet artiste créa entre 1925 et 1950 un assez grand nombre d'affiches sous le nom de Zeno.
Selon ses dires, c'est en 1931 qu'il apprit réellement le dessin et la gravure sous l'égide de Renefer [1879-1957], graveur et illustrateur.
Au sein de l'UAM, il participa à des expositions d'art graphique. La plupart des maquettes de ses œuvres ont été détruites lors de l'incendie de l'imprimerie Weill Robert dans les années 1950.
1926-1928 : Il réalisa quelques affiches en association avec Joël Martel [1896-1966]. Citons le Train sans yeux; Casino Saint-Jean de Luz.
1930 : Il dessina une affiche pour le Train bleu et, en 1936, il [en] créa une pour les Fêtes de Paris.
Il se consacra par la suite à la peinture.
En ligne : http://www.lesartsdecoratifs.fr/archives/fr/03museepublicite/expositions/reclame_publicite/portraits/zenobel.htm consulté le 31 décembre 2009.
On trouvera une reproduction en noir et blanc d’une affiche réalisée par Zénobel en 1930 pour le Train bleu de la Compagnie internationale des wagons-lits – Londres Calais Paris Méditerranée, in : Rocío Robles Tardío, Episodios de la abstraccíon del arte a ritmo de tren, Universidad complutense de Madrid, Madrid, 2007 p. 296.
En ligne : http://eprints.ucm.es/7746/1/T30060bis.pdf, consulté le 31 décembre 2009.
Le Fonds iconographique de la bibliothèque Forney, Paris, conserve « 18 dessins originaux de Pierre ZENOBEL, portraits d’hommes politiques (1930-1940) », selon le Rapport sur la promotion et la conservation du dessin de presse, mars 2007, p. 22.
En ligne http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/rapwolinski.pdf, consulté le 31 décembre 2009.
Le CICI 1929 et la Ligue japonaise du cinéma prolétarien
Les seuls témoignages connus à ce jour d’une projection de Tempête sur La Sarraz proviennent du Japon, où la bande fut importée en réduction 16mm, sous le titre de Kokusai dokuritsu eiga kaigi (« Congrès international du cinéma indépendant »).
Elle fut ramenée d’Europe par Higo Hiroshi, l’un des deux participants japonais au CICI, directeur de cinémas, et montrée au moins une fois à Tokyo le 13 juin 1930, dans une soirée de la Ligue japonaise du cinéma prolétarien, une organisation d’obédience communistes (voir Archives n°84, pp. 25 – 26).
On ignore comment se fit le parcours du film de La Sarraz à Tokyo (via peut-être un laboratoire allemand). La piste japonaise renvoie à une copie 16mm, dont aucun élément matériel n’a resurgi à ce jour.
Par ailleurs rien ne nous dit quelle forme avait le montage de cette bande de 61 mètres, soit 5’33’’ à 24 im./sec. ou 7’23’’ à 18 im./sec.
Les acteurs de la pochade
Les protagonistes de Tempête à La Sarraz sont aisément identifiables.
Léon Moussinac, incarne un mousquetaire pourfendant le cinéma commercial, Hans Richter casqué part en croisade « Für den unabhängigen Film », Moichiro Tsuchiya en kimono noir grimace comme un acteur de kabuki et incarne l’Esprit du cinéma commercial japonais, Jack Isaacs en massif chevalier est basculé cul par dessus tête, comme il se doit quand on représente le Cinéma commercial, Robert Aron, sous l’égide de la revue Du cinéma, manie en libérateur une mitrailleuse à clavier Underwood.
C’est qu’il faut délivrer Le Cinéma indépendant enchaîné, soit Janine Bouissounouse, qui n’a pas toujours le même costume.
Le décor et les accessoires furent empruntés au château. L’équipe de réalisation, telle qu’elle apparaît dans le « reportage » de Zénobel, comprenait S. M. Eisenstein, son assistant Grigori Alexandrov et son caméraman, Edouard Tissé.