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Jean Painlevé, le film documentaire

Beauté du film documentaire, 1930

Jean Painlevé, « Beauté du film documentaire », Monde (Paris), n°85, 18 janvier 1930, p. 8 (« Le cinéma au service de la science »), avec la une du numéro, illustré par Elie Lothar [sic pour Lotar] et Pierre Flouquet.

Reproductions tirées d’un exemplaire de Monde conservé dans la Collection Alberto Sartoris, Archives de la construction moderne, EPFL.

 

Plusieurs films scientifiques furent montrés au CICI 1929, dont deux de la série produite sous le titre de « Secrets of Nature » par British Instructional, et trois films UFA (cf. Archives n°84, p. 20 et 24).

Il est possible que des bandes de Jean Painlevé (1902-1989) fissent partie de ce répertoire.


Hyas et sténorinques, crustacés marins (1929) figurera dans le premier programme du 2ème CICI, en 1930 à Bruxelles, dans une séance qui réunissait avec ce film Poèmes de Madrid (Esencia de la Verbena, 1930) de Ernesto Giménez Caballero (présent à La Sarraz comme fondateur du Cine Club Español et rédacteur de la Gaceta literaria), Vormittagsspuck (1928) de Hans Richter et Borderline (1930) de Kenneth Mcpherson.


Painlevé en Suisse

Cette année 1930, d’après Roxane Hamery (2008), Jean Painlevé est en Suisse. Les éléments aimablement fournis par Pierre-Emmanuel Jaques étoffent considérablement cette information vague.

En décembre, à l’invitation du Département de l’instruction publique, « le jeune et distingué directeur de l’Institut de cinématographie scientifique » donne une « séance filmée » dans le cadre des Conférences de l’Aula, selon un article du Journal de Genève (20 novembre 1930, 2ème éd. , p. 6, texte intégral en pdf).

Painlevé est également signalé à Lausanne et à Neuchâtel, suscitant pour sa tournée l’intérêt de deux revues spécialisées. Sous la plume de F. Perret, Schweizer Cinema. Cinéma suisse publie un article, « Le cinéma au service de la science. Conférence du savant Jean Painlevé » (n° 24, 15 décembre 1930, p. 4, 6, 8), et L’Effort cinégraphique suisse donne un texte de Painlevé lui-même, « Le film documentaire. Sera-t-il toujours traité en parent pauvre ? – Et en Suisse ?… » (n° 4, janvier 1931, pp. 6-7).
Le cinéaste répond à la question posé par son titre en suggérant, au vu des « gros efforts » qu’il a constatés « pour la propagande documentaire, la projection de film, l’éducation par le cinéma », que l’on institue en Suisse, pays de particularismes, « un organisme centralisé de coordination pour la distribution ».

A propos du cinéma pédagogique, que l’on a trop souvent tendance à confiner dans une sorte de zone de "non-cinématographicité", rappelons que la délégation soviétique devait comprendre un rédacteur de la revue Kino et Kultura qui souhaitait se rendre à Bâle au siège de la Conférence internationale du film éducatif, organe principal de la Chambre international du cinéma éducatif (voir Archives n°84, p. 6).


Lié à l’activité des ciné-clubs dès la fin des années 1920 et intervenant avec constance pour promouvoir le cinéma scientifique, Jean Painlevé participera au Congrès international du cinéma de Bâle de 1945, un moment important de l’immédiat après-guerre mis sur pied par les Archives suisses du film (Cinéma d’aujourd’hui, 30 août – 8 septembre 1945). Il y présente un documentaire sur la France, Solution française (1939/1945).

En 1947, un long entretien avec René Dasen dans L’Illustré (Lausanne) rend compte de son activité, sans qu’il soit encore clair si cette publication doit être mise en relation avec une circonstance particulière : René Dasen, «Jean Painlevé, poète et homme de science», L’Illustré, 6 novembre 1947, pp. 8-9, 7 ill.

Le lien avec le mouvement des ciné-clubs se manifestera trois ans plus tard par un article de Painlevé sur ce thème publié dans le numéro de Carreau qui célébrait l’inauguration officielle de la Cinémathèque suisse de Lausanne (3 novembre 1950, dans le cadre d’une Semaine du cinéma):

- Jean Painlevé, «Cinémathèques et ciné-clubs », Carreau, n° 7, octobre – novembre 1950, p. [1].

Rappelons ici que parmi le comité de rédaction de la revue, on compte alors René Dasen et Freddy Buache. Cheville ouvrière d’une Semaine du cinéma qui eut un grand retentissement et dont le programme devait beaucoup à la collaboration d’Henri Langlois, directeur de la Cinémathèque française, ce dernier sera appelé l’année suivante à la tête de la Cinémathèque suisse. C’est l’occasion de signaler un riche mémoire de licence sur l’histoire de l’institution, consultable en bibliothèque : Andrea Rusconi, « La Cinémathèque c’est moi ! ». Freddy Buache e la Cinémathèque suisse (1948-1975) : progetti culturale e dibattiti ideologici, Faculté des lettres de l’Université de Fribourg, Chaire d’histoire contemporaine, générale et suisse, Fribourg, 2007.

Etudes et sources

Le cinéaste a fait l’objet d’une attention renouvelée ces dernières années :

- Roxane Hamery, Jean Painlevé, le cinéma au cœur de la vie, Presses universitaires de Rennes, 2008.

- Andy Masaraki Bellows, Marina McDougall, Brigitte Berg, Sciences is Fiction. The Films of Jean Painlevé, The MIT Press, Cambridge, Mass., Brico Press, San Francisco.


Créée par le cinéaste en 1930, Les Documents cinématographiques (Paris) demeurent aujourd’hui le lieu d’informations le plus important sur l’activité de Jean Painlevé.

L’article de Monde que nous donnons ici en fac simile, figure en transcription sur le site de l’institution, www.lesdocs.com